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Guy Chataigné (né en 1924), employé dans les assurances, est résistant depuis début 1942. Il est arrêté le 23 septembre 1942 et embarqué pour Sachsenhausen le 22 janvier 1943 (N°58067). Jusqu'au bombardement d'avril 44, Guy Chataigné travaille au Hall 2 au rivetage des tôles destinées à la fabrication des avions. Le travail est épuisant par la répétitivité des tâches, mais aussi par la présence agressive et violente des Vorarbeiter. « Les conditions de vie se sont révélées rapidement meurtrières,. le travail long, l'alimentation comptée : pain, soupe, ersatz de margarine, l'amaigrissement très sensible. Le plus exténuant, l'absence de sommeil sous les cris, les gémissements, les contrôles, les brimades, avec la vermine, les poux, les puces, la gale ». Les hommes meurent « de froid, de faim, sous les coups, de maladie » Heureusement, la résistance est organisée: maintenir le moral des camarades, déchiffrer l'allemand pour obtenir des informations dans les quelques journaux qui se trouvent là, notamment sur les victoires alliées, ce qui donne de l'espoir «le moral était un élément essentiel, conditionnant toutes les chances de survie ». La production pouvait être sabotée grâce à des déportés spécialisés en aviation « nous savions là où nous pouvions saboter sans que l'origine puisse être décelée »

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Guy Chataigné est transféré à Klinker. En janvier 1945, il retourne à Heinkel mais travaille sur le site de Klinker loué par Heinkel. Après le bombardement de Klinker le 10 avril 1945, il retourne à Sachsenhausen, le camp principal. Au kommando Klinker (à la fonderie), G. Chataigné est chargé de la fabrication de grenades-groupe dans un groupe de 10 français, ce qui est une chance car « il faut bien comprendre qu'un déporté français au milieu de Russes, Polonais ou de Tchèques, connaissait rarement des heures de quiétude. Le travail est lourd, pour des bras démusclés, dans une atmosphère torride et humide» Des hommes sont reconnus inaptes en raison de leur affaiblissement et disparaissent dans «des Schwartztransporter (transports noirs) dont on ne revoit jamais revenir les gens ».
L'hiver 44-45 est rigoureux; la fonderie est arrêtée (sabotage). Les hommes, sous la neige, doivent « trier du fer ou de l'acier, des baïonnettes, des culots d'obus. La peau collait littéralement à ces objets métalliques par le gel ». Heureusement, à cette époque les Allemands sentaient le vent tourner, « ce fut vraiment de la magie..., nous avons reçu quelques colis de la Croix Rouge Algérienne... »

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