Accueil cinglant d’amertume
Quels mots peuvent-ils être pensés,
Sinon ceux appris dans les livres ?

La honte de la compréhension ?
La compréhension de la honte ?

Mes pas visitent les pas d’Autres,
Vibrent. Résonnance d’une mémoire silencieuse

Ce chemin, cette porte que nous osons franchir
Sans crainte.
Nous savons que nous en reviendrons

Deux heures à peine avant le déjeuner

Plus innocents que nous ils avançaient
Avec crainte
Sans savoir ce qui les attendrait.

C’est l’unique franchissement, un aller simple.

Désert de honte, de peur,
De curiosité
Désert du passé.

L’identité déjà se perd
Répétition homogène


Repère orthonormé
S’y inscrit un triangle tranchant d’équité.
Points, Lignes et Figures.

Tant d’empreintes s’animent dans les allées mortes
Dans notre esprit, dans les livres,
Sur l’écran de notre mémoire collective

Mémoire qui s’efface
Mémoire en feu
Mémoire en cendre
Mémoire qui vit.

1992 comme un écho
Comme un Frisson

« Sachso » ou le modèle idéal
Où brûlent encore les idéaux

Phénix échappé de la baraque 38

L’histoire partie en fumée

Les cendres antisémites s’échappent sans passer par la station Z

Le bois noirci de suie, de sueur
de peinture s’éventre
La mémoire incinérée
Les vestiges sont lambeaux

Les lambeaux sont espoirs

La Mémoire renait dans l’Espérance

Phénix échappé de la baraque 38
Comme autant d’âmes qui s’envolent libres

Les écailles blanches des plafonds peints
Noire colombe qui retrouve la lumière
Origamis de paix

Notre mémoire vive
Offre reconnaissance et envol
À ces martyrs apaisés.

Les cendres dans le fleuve,
Déjà s’éloignent…

Notre visite si lointaine
Dans l’ironie du camp,
Laisse une compréhension incertaine
Et des souvenirs vivants.

 

Viviane Dourlens