A Louis DUPUY

Où sont les corps à l'abandon
Et le rouge torchon
Dans cet éternel Avril
Que martèlent nos galoches de bois
Ne hurle-t'il
Que pour toi et pour moi

Camarades des routes noires
Votre long cri caillé n'étonne plus les soirs

Cassés
Dans les fossés
Crispés
Sur les silos
Vous n'avez pour tombeaux
Que vos yeux refermés

Athlètes dérisoires
Du Marathon de la Victoire
Fiers forçats de l'espoir
Effarés obstinés
Sisyphes forcenés
Poussant la Mort

Fous qui rêviez encore

Il roulera comme un tonnerre
Le râle lourd de nos galoches
Nos jours crouleront comme roches
A jamais écrasant le Sommeil de la Terre

Les fossés nettoyés
Les routes ont fleuri
Et vous avez pourri
O vieux morts oubliés
Pour les moissons multipliées

 

Pierre GENTY
84 449 Lichterfelde (camp annexe de Sachsenhausen)

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